Séquence métamorphique
Gaëlle Leenhardt
L’exposition de Gaëlle Leenhardt, qui présente une sélection parmi ses vastes archives photographiques, met en place une histoire de l’intensité, depuis l’aube de la planète jusqu’au déploiement du présent et au-delà.
Leenhardt fait passer notre attention de la matière physique de ses installations vers leurs interrelations groupées. Elle fait émerger ces relations entre les matériaux archaïques des forces géologiques et géographiques et les rencontres momentanées évoquées dans ses photographies. Ici, elle entrelace la longue temporalité de la transformation géologique avec la nature présumée instantanée de la photographie, la durée dans l’instant. Grâce à ce geste global, elle en mesure d’explorer les facettes du monde. Ces facettes sont indexés dans ses installations à travers un changement de perspectives qui met en avant les relations plutôt que d’essayer d’identifier les objets en eux-mêmes.
Son titre fait référence à la série de transformations imposées à la roche géologique par une pression et une chaleur intense. Ces séquences peuvent être constituées de roches visuellement très différentes qui ont été métamorphosées dans diverses conditions mais qui proviennent de la même roche de base. Gaëlle Leenhardt envisage ces groupes de transformation intensive en parallèle de ses traces photographiques archivées, suggérant une continuité entre les photographies et les échelles de temps planétaires. Elle propose une sorte de mise en scène ancienne qui conduit aux différents moments dépeints ; une série continue d’événements quantiques qui traversent le présent, où l’on tente d’en dégager les parties inter-connectées.
La tonalité politique de Leenhardt découle de sa capacité à concevoir des relations sans avoir besoin de fixer l’objet au préalable. Cette » primauté du relationnel » peut paraître surprenante face à la matière très dense et présente de ses installations, mais elle est remarquable précisément dans sa capacité à nous faire sortir de la compréhension habituelle des objets qui apparaissent dans son œuvre. L’ontologie de Leenhardt est construite à partir de l’archi-matière de la géologie, des affleurements momentanés d’événements socio-politiques, et du diagramme physique qu’elle construit avec eux. Le passé est toujours disponible dans l’œuvre de Leenhardt, bien qu’enfoui profondément dans l’instant qui passe, prêt à cristalliser et à transformer ses matériaux en formes et possibilités surprenantes.
Gaëlle Leenhardt. Née en 1987. Vit et travaille entre la France et la Serbie.